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Conan doyle

Une chronique sur "Au pays des brumes" de Sir Arthur Conan Doyle

Oui, oui... j'ai osé... je vous propose de découvrir Sir Arthur Conan Doyle né le 22 mai 1859 à Edimbourg et décédé en 1930.

Si nous connaissons ce monsieur pour les histoires de Sherlock Holmes, il faut pourtant savoir que ce médecin-écrivain se plaisait à écrire de la science-fiction, de la comédie, des romances (Oh non... lui aussi !!!) du théâtre, de la poésie, des romans, de l'historique... ainsi que des nouvelles...

Je pourrai vous parler pendant des heures de ce passionnant personnage, cependant je discourais  sur une de ses oeuvres que je viens de finir de lire :

Au pays des brumes, troisième tome des exploits du professeur Challenger qui en compte cinq.

Dans l'ordre Le monde perdu
(1912), la ceinture de poison (1913), le pays des brumes  (1926), quand le monde a crié (1928) et la machine à désintégrer (1929).

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Mon article fera plus de 250 caractères... je préfère prévenir...

Etonnée des notes, étoiles que l'on donne à l'oeuvre (oui, nous sommes assez prétentieux pour penser pouvoir juger un tel écrivain), je me suis plongée dans le monde du spiritisme. Beaucoup de personnes ont avancé le fait que cette aventure était une propagande pour ce mouvement et ont stoppé la lecture.

Pour ma part, il me semble que c'est l'arbre qui cache une bien plus intéressante forêt.

Nous nous trouvons face à Malone, ami de Challenger et Enid, fille de Challenger qui font une enquête sur les sectes et les nouvelles églises émergentes. Le professeur, lui, ne peut que rire de ces fous qui pensent qu'il existe une vie après la mort. Pour l'homme de science, ce sont aussi des charlatans sans scrupules. C'est l'esprit ouvert, malgré tout rationnel que nos deux journalistes farfouillent dans la vieille Angleterre.

L'écriture de Sir Conan Doyle est de son époque, si vous aimez la simplicité et la conjugaison simple, passé votre chemin. J'ai apprécié les apartés qu'il fait avec son lecteur, un procédé que l'on voit moins aujourd'hui. Si l'histoire est dans le mode science-fiction (et oui, ce fut sa classification de genre) elle est aussi un récit philosophique, théologique et une critique de la société dans laquelle l'auteur évoluait. Il sait de quoi il parle, car en tant que médecin, il a côtoyé les bas fonds, les bourgeois ainsi que les nobles. 

Après l'avoir lu ainsi qu'analysé... comment peut on lire cette histoire en n'en contemplant que sa surface ? Dès les deux premiers chapitres, on met la lumière sur l'ouverture d'esprit et l'analyse des choses dont l'humain devrait se pourvoir. Deux mondes s'affrontent (enfin, c'est à chaque fois des duels, si vous lisez le livre vous comprendrez vite ce que je veux dire) : Les matérialistes qui sont sûrs qu'il n'existe pas de vie après trépas et les spirites qui pensent que la conscience survie après la mort.

Cela pourrait expliquer pourquoi les lecteurs se sont arrêtés à cette dimension-là... sauf qu'à bien y regarder, on se trouve aussi face à l'image d'une société qui stagne, qui ne s'appuie que sur ses propres certitudes sans chercher plus loin. L'image du doute que l'on trouve dans les personnages de Malone et Enid (et pas qu'eux d'ailleurs) véhicule l'idée que l'on ne peut évoluer qu'en posant des questions sans aucune certitude de vérité statique, bien au contraire.

Le professeur Challenger représente l'homme que l'on écoute, que l'on craint, un pair du royaume. Lorsqu'il affirme quelque chose, on n'approuve sa parole. C'est justement ce que reproche l'auteur. Il stigmatise l'immobilisme d'un pays, d'une société à travers le professeur. On ne réfléchit plus. On  ne cherche pas à comprendre l'autre ou la nouvelle possibilité. On reste immobile sur ses acquis. Le conflit entre la science et le spiritisme n'est qu'un prétexte pour la critique.

Cela va ? vous tenez bon ? Vous ne vous ennuyez pas ? Je vous laisse deux minutes pour aller boire un verre d'eau. Il est dit que le lecteur du net ne tient pas plus de 250 caractères dans les messages et qu'il lui faut des images... pas de bol ^-^ Continuons !

Malone et Enid représentent donc la curiosité, l'envie de découvrir, d'aller plus loin que ce que l'on sait déjà. Il faut reconnaître qu'ils sont dubitatifs au début... et franchement c'est génial, car automatiquement, vous avez un débat qui s'ouvre entre des personnages venant de castes sociales très différentes. Les points de vue se tiennent parfaitement et vous obligent à réfléchir. L'auteur aurait pu faire de Malone un converti au spiritisme tout de suite. Cependant, en faisant cela, Sir Conan Doyle s'ôtait la possibilité de mettre en lumière chaque avis totalement recevable.

Un dialogue m'a subjugué
(en fait, pas qu'un !) le voici :

[Le monde de la science est à la base de notre matérialisme. Il nous a aidés à nous procurer le confort ; la question est de savoir si ce confort nous sert à quelque chose. Mais par ailleurs, le monde scientifique s'est comporté pour nous comme une véritable malédiction, il est surnommé le progrès, et il nous a communiqué l'impression fausse que nous progressons, alors qu'au contraire nous sommes en pleine régression.]

Humm un certain Albert Einstein pensait ainsi également. Vous vous rendez bien compte que nous ne sommes plus dans du spiritisme, mais bien dans un questionnement du bien et du mal qu'engendre le "Progrès", selon son utilisation (tiens... pourrait-on parler de la bombe atomique ?? ah bah non... le livre fut écrit en 1926). Il faut savoir que la suite du dialogue est passionnante, car il admet qu'on a besoin de ce progrès et les deux parties se retrouvent à philosopher sur ce qui pourrait être la mission de l'Homme sur cette terre. Peut-on rejeter la science et ses bienfaits parce que le matérialisme en fait un produit de richesse ? Perd-on son humanité en oubliant l'essentiel de notre existence, ses valeurs ?

Je ne vais pas tout vous décortiquer, car ce n'est plus un article que je vais écrire mais bien un nouveau roman.

Sir Conan Doyle n'est pas méchant avec l'église, il lui trouve juste trop de similitudes avec le matérialisme. On ne sort pas du Dogme. On le suit à la lettre, à la virgule près. Cela est ainsi et pas autrement. Pourtant, des débats théologiques palpitants et endiablés (oui, j'ai osé niark niark niark) se révèlent dans cette oeuvre. J'ai même appris des choses sur la religion catholique.

Tout est critique d'un monde figé dans ce livre. Les médias possédés par des hommes qui décident de ce que l'on doit penser en fonction de leurs propres intérêts. Ils font taire les avis contraires, tournent en ridicule ce qui ne va pas dans leur sens, manipulent la populace crédule ou sans recul, binaire (tout est blanc ou noir), lui fait croire qu'elle a pensé par elle-même. La justice et la police y passent aussi. Les lois et les convictions qui les animent sont désuètes et d'une autre époque.

Nous ne sommes pas, à mon avis dans l'apologie du spiritisme, même si l'auteur en fut un adepte, mais bien dans une réflexion sur la société et l'Homme.

Courage... c'est presque fini ^-^

J'ai trouvé très intelligent de la part de l'auteur de montrer à travers l'extrémisme buté du Professeur Challenger, que le monde ne pouvait pas évoluer, la société ne pouvait pas aller mieux si l'on n'acceptait pas de communiquer et d'écouter les arguments de autres... sans tenir compte de leurs origines sociales ou ethniques. C'est assez terrible que ce personnage garde son extrémisme. Il n'a rien compris à l'importance de ses choix. il reste dans des certitudes. Il s'y cloisonne.

Alors oui... l'histoire est basée sur du spiritisme, des fantômes, des pouvoirs, des guerres d'influences également... Seulement ce n'est pas que cela, c'est aussi un magnifique questionnement sur la société, qui résonne avec force aujourd'hui encore en 2020.

Serions-nous tous des matérialistes incapables d'évoluer et forts de nos certitudes ?
(sujet de philo, vous avez deux heures pour plancher)

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout... et si vous avez vu autre chose dans ce livre... venez en discuter tranquillement ^-^

Ouvrons le champs des possibles.

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