le 15 octobre 2019... affrontement policiers/pompiers

L'actualité m'a abimé le sourire.

J'ai eu besoin d'exprimer ce que j'avais en moi, lorsque j'ai vu certaines images toujours violentes, dans mon pays,

la France.

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Ils étaient frères

 

Ils étaient frères, pas de cette fraternité que nous donne la parenté, mais de celle que l’on se construit à force de vivre les galères et les bonheurs de la vie. L’enfance en avait fait de gentils garnements dans la cité aux si grands bâtiments dans la couronne de Paname. Ils avaient joué au foot, échappé à la colère de leurs parents en se faufilant dans les allées, fêté leurs anniversaires l’un chez l’autre et l’autre chez l’un.

Ils étaient frères, plus que le sang ne pouvait permettre de l’être, au point de s’épauler, lorsque le père venait de mourir d’avoir tant travailler dans son usine qu’à 50 ans, son coeur épuisé s’était simplement arrêté. Au point de protéger la petite sœur de la racaille parce qu’à l’intérieur de soi, la famille de l’un est la famille de l’autre. Ils ne se ressemblaient pourtant pas du tout. Le soleil avait donné la couleur brune et les yeux foncés, la glace avait offert le blond et les yeux de ciel d’hiver.

Ils étaient frères et chacun voulait défendre son pays, ses valeurs, les gens qu’ils aimaient, les personnes dans la galère. Ils souhaitaient sortir de leur cité et offrir le meilleur que la république puisse leur offrir, la fierté de la servir, la fierté de secourir, la fierté du devoir accomplie. Tous deux entrèrent dans l’armée, mais par des chemins qui n’étaient pas tout à fait les mêmes. L’un voulu donner la sécurité et vaincre la racaille, l’autre voulait offrir de la sécurité et sauver des vies.

Ils étaient frères et se retrouvaient souvent pour parler de leurs métiers, des enfers qu’ils traversaient, de la fatigue accumulée, de la folie d’un système qui ne prenait pas en compte l’être humain mais bien les chiffres. Ils continuaient à se battre pour leurs valeurs, se comprenaient. Voir le corps enseignant à bout de souffle et ramasser une pauvre directrice dans sa maternelle avait meurtri les deux coeurs. Ils ne comprenaient plus… les manifestations faisaient rages, le peuple ne voulait plus qu’on ne l’écoute plus, mais au lieu de se mettre tous ensemble, il faisait des défilés qui faisaient rire gras les estomacs bien remplis, des hommes et femmes qui ne comprenaient pas qu’élus ils étaient mais pour représenter le peuple… et non pas qu’ils étaient des élus divins.


 

Ils étaient frères… mais vient l’instant ou dans la rue celui qui portait l’uniforme des combattants du feu accompagna ses frères d’armes. Ils n’en pouvaient plus. Comme les infirmières, les médecins… comme tout le peuple que l’on méprisait avec talent. Les CRS chargèrent, il fallait renvoyer à la niche ses braillards, qu’ils ne reviennent pas demander de meilleures conditions de travail, de respect et de sécurité…. Ils étaient frères, mais les ordres furent plus importants que la condition humaine, et l’un gaza l’autre qui ne comprenait pas pourquoi ils en étaient arrivé là. L’un hurla « on nous a donné des ordres, pardonne-moi, mon frère ! » L’autre le fixa puis, vint aider un compagnon de combat… pour prendre à sa place le projectile qui lui arracha l’œil !


 

Ils étaient frères mais quelques mois après cela, le pompier s’était remis de sa blessure. Son frère avait tout fait pour le voir, mais son épouse avait refusé de le laisser entrer dans sa chambre d’hôpital. Il reçut un mot « Pardon, nous avions des ordres ! » L’amertume s’était lue sur son visage et sa femme avait fondu en larmes de le voir si mal. Il se promène aujourd’hui dans son quartier d’enfance et devant lui un homme est en difficulté. La voiture de police n’est pas loin et le collègue semble appeler les renforts. Sans réfléchir l’ancien pompier se jette dans la mêlée et arrive à faire fuir tout le monde. L’homme tourne son visage en sang et tuméfié vers lui. Sans un mot, le sauveteur lui procure les premiers soins alors qu’ils entendent les anciens compagnons arrivés. Ils le saluent, le charrient. Il y a un grand froid entre eux et les deux policiers qui leurs font face.

Celui qui fut sauvé tend la main en lançant.

« Merci mon frère »

Le pompier le fixe, regarde son uniforme, soupire.

« Nous ne sommes pas des frères… si nous l’avions été, tu n’aurais pas accepter de suivre les ordres. Tu n’as plus la liberté de faire le bien. Tu n’es que le chien d’attaque de ceux qui n’ont pas le courage d’exécuter l’ordre que l’on t’a donné. »

Il se retourne et rentre chez lui.

Il y a longtemps… ils étaient frères.

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